À dire vrai ...

À dire vrai ...

Le 3 janvier, une maladie foudroyante emportait mon père.
Le décalage entre l'annonce de sa mort et ma prise de conscience m'a plongée dans un  état de sidération, empêchant une réelle réaction face à ce départ injuste.
Certes, je réalisais que je ne pourrai plus jamais serrer mon père dans mes bras. J'avais bien conscience qu'il était désormais là, sous les cyprès du cimetière des Varennes, quelques mètres sous terre. J'étais triste, abattue, orpheline, mais un épais brouillard cotonneux m'empêchait d'assimiler vraiment cette rupture brutale, de ressentir ce vide vertigineux. 
C'est une banale vente de voiture qui m'a sortie de cette paralysie mentale. Mon compagnon et moi nous étions proposés pour effectuer la vente de sa Mini Cooper. J'avoue avoir suivi de loin les formalités nécessaires mais je gardais un œil attentif quant au profil des potentiels acquéreurs : je ne voulais pas que le dernier véhicule de mon père se retrouve entre n'importe quelles mains! C'est idiot, peut-être, mais ce petit bolide était comme une partie de lui : il avait sa fougue, son élégance, sa particularité, sa rutilance. Et puis, j'avais l'intime conviction que de là où il était, lui aussi surveillait cette future transaction! D'où mon sentiment que le destin était de notre côté! 
Le miracle eut lieu quelques jours après la publication de l'annonce (et l'afflux téléphonique de nombreux marchands de tapis!). Un homme souhaitait voir la voiture. La première impression fût bonne mais nous restions sur notre réserve, échaudés par des soit-disant acheteurs plutôt malfaisants.Bien heureusement, la première rencontre confirma notre ressenti : il était parfait! Intéressé par l'histoire de cette vente, il s'était montré attentif et compréhensif. Pendant qu'il inspectait le véhicule, mon choix était déjà fait! Plusieurs signes confortaient ma décision : il portait le prénom de mon compagnon, travaillait sur un site où mon père avait jadis exercé, il avait lui aussi un père fan des Mini Cooper. Quel soulagement quand il nous confirma sa décision de l'acheter!
Lorsque la vente fût scellée, j'eus tout de même un pincement au cœur, le réveil d'une tristesse toujours présente en moi...encore un lien de mon papa qui m'échappait...
Et puis, subitement,  l'éclairage du parking sur lequel nous étions s'est éteint, nous plongeant dans une totale obscurité.
Un ciel magnifiquement étoilé s'est alors imposé à nous. Et là, juste au-dessus de la Mini Cooper, la constellation de la Grande Ourse! Je restai comme hypnotisée... Un sourire dessiné sur mes lèvres....j'étais soulagée : ce ne pouvait être qu'un message de mon papa, un signe pour nous donner,là, son consentement ultime dans cette transaction si lourde de sens pour moi.
Car je ne vendais pas seulement une voiture, je me séparais aussi d'une trace de l'existence d'un homme que j'aimais profondément, celui qui m'avait donné la vie...


À mon papa, pour toujours...

Commentaires

  1. incroyable...tu m'as fait verser des larmes.
    bien-sûr que c'était lui qui te donner son consentement ! merci pour ces jolis mots❤️

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    1. Merci Célia.....de t'émouvoir m'émeut à mon tour !

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