« Le bonheur c’est lorsque
nos pensées, nos paroles et nos actes sont en harmonie. » Gandhi
Lui
Découragé,
il était reparti pour ensuite faire marche arrière. Il n’avait pas de projet
immédiat, personne à voir, il pouvait donc assister à la projection du film
qu’il souhaitait voir.
Il ne
fut pas déçu par ce choix. Chaque mot, chaque image, chaque mélodie le firent
frissonner. Il sentait monter en lui une multitude d’émotions quasi inconnues
qui l’effrayait un peu mais qu’il
n’avait pas envie de voir disparaître. Le film terminé, il n’arrivait pas à
croire qu’il ait pût être autant séduit. Cela avait merveilleusement bien
fonctionné sur lui. Des multitudes d’étoiles brillaient dans ses yeux.
Tout
ce chambranle des sens le poussèrent à marcher. Il n’avait pas envie de
s’enfermer dans son antre mais au contraire d’aller de l’avant.
Il
arriva sur la jetée, longea la plage principale et déambula la tête dans les
nuages jusqu’aux pointes des rochers. Là, il s’affala sur un banc, ferma les
yeux, écouta le doux bercement des vagues et huma l’air qui l’entourait.
A cet
instant précis, il était presque l’homme le plus heureux du monde.
Un
long moment s’écoula ainsi sans que rien ne vienne perturber la quiétude
délicieuse de son être.
Ses
pensées erraient très loin derrière la conscience. Il rêvait de bonheur, de
joie, de rires, mélange de vécu et d’images volées.
Et
puis, soudain, comme par enchantement, l’image d’un grand champ fleuri
s’imposa. Malgré la douceur des couleurs et de la lumière, elle le fit
sursauter..... car non seulement il pouvait le voir distinctement avec toutes
ses nuances et ses reflets, mais il en sentait aussi les effluves champêtres
qui s’en dégageaient comme s’il y était. Son cerveau réveillé lui envoya des
signaux pour qu’il réagisse. Il se frotta les yeux et scruta les alentours. La
nuit avait posé son voile noir sur l’ensemble du rivage; quelques points
lumineux parsemés à l’horizon attiraient l’œil. Paul fut surpris de pouvoir
encore humer le parfum délicieux d’un pré fleuri à cet instant.
Elle
Les
pieds nus dans le sable, je flânai, me laissant portée par la légère bise et le
profond sentiment de plénitude qui m’envahissait. J’avais laissé mon fardeau à
la sortie du cinéma et ne l’avait pas repris. Je goûtai enfin à cette exquise légèreté de l’être, seconde
par seconde, minute par minute. Je ne voulais pas en perdre une miette.
L’heure
tardive me permettait d’être seule pendant cette errance grisante. Le peu
d’éclairage sur la plage intensifia ce sentiment d’isolement et de liberté; pas
besoin de me cacher des autres.
Arrivée
aux pieds des rochers marquant la fin de la plage, je me laissai tomber sur le
sable fin. Une nuée d’étoiles étincelantes remplirent mes yeux de chaleur et de
joie. Inondée par tant d’offrandes, je ris de plaisir, comme une enfant et me
laissai rouler dans le sable pourtant frais.
“Et c’est la loi depuis la nuit
des temps, un jour, tu fermes les bras ... et il y a quelqu’un dedans”. F.
Cabrel
EUX
C’est
alors qu’il entendit une voix, ou plutôt un rire, féminin, chantant. Il chercha
d’où il pouvait provenir et aperçut une forme couchée sur la plage qui bougeait. Il se leva, sauta le muret de
la jetée et se dirigea lentement sur la plage, guidé par les effluves de
printemps fleuri qui n’avaient de cesse de lui chatouiller les narines ... et
la mémoire..... et qui le menèrent tout droit vers ce chahut féminin.
Elle
sentit sa présence et cessa subitement de jouer pour rester figée. Il ne voyait
pas son visage dans l’obscurité. Peu importe, il était enivré par le parfum qui
s’était intensifié à son approche. Il l’attirait, le charmait, l’envoûtait.
Elle
ne sut que faire quand elle comprit que quelqu’un l’observait à quelques mètres
de là. D’abord apeurée, elle s’immobilisa, les membres tendus par la peur, puis
sentit qu’il n’y avait pas de quoi s’alarmer. Il lui sembla même que l’autre
avait les yeux fermés. Elle se redressa
sur ses deux jambes et se mit face à cette silhouette.
Ses
yeux habitués à l’obscurité remarquèrent qu’il s’agissait d’un homme, assez
grand avec une écharpe rouge autour du cou… son écharpe ! Il dut sentir son
regard posé sur lui car il rouvrit les yeux. Après quelques secondes
d’observation commune, il s’adressa à elle :
-
Excusez mon indiscrétion mais.... quel
est donc ce parfum que vous portez ?
Elle
n’entendit pas la question ou plutôt n’en compris pas le sens et resta muette.
Elle venait en effet de reconnaître l’homme qu’elle avait quitté quelques jours
auparavant à l’hôpital et qui avait envahi son esprit depuis. Le rythme de son
coeur s’emballait.
En
s’approchant, il ajouta :
- Je
sais que ça peut vous paraître bizarre mais je voudrais vraiment mettre un nom
sur ce parfum à défaut d’une personne qui s’est occupée de moi et qui m’a
laissée comme unique carte de visite cet effluve... et cette écharpe.
La
voix du jeune homme s’était presque éteinte en prononçant ces derniers mots.
Elle le sentit trembler. Elle se ressaisit et d’une voix douce et précise lui répondit :
_
“Murmure”... Il s’appelle « Murmure ».
A ces
mots, il se redressa, ouvrit les yeux encore plus intensément pour voir
enfin celle qu’il cherchait, depuis quelques heures, peut être, mais au final
depuis toujours.
Epilogue
Comme
la rose de Saint Exupéry qui avait trouvé les yeux de son petit prince pour
exister et être aimer, j’étais enfin tombée sur celui qui me rendait entière à
moi-même. Jamais je ne m’étais sentie si fidèle à mon être auparavant. Tout
collait à la perfection avec mes envies, mes demandes. Celui qui était près de
moi m’appréciait pour ce que j’étais. Son regard posé sur moi ne me faisait pas
peur, il m’enjôlait, m’embellissait, me poussait à ouvrir encore un peu plus les
corolles de mon coeur, pour qu’il puisse mieux en apprécier son parfum..... ce
parfum retrouvé.
FIN
oh non c'est finiiiii :( en tout cas très jolie histoire ! bravo♥ (Célia)
RépondreSupprimerMerci beaucoup! J'avoue avoir aussi été très triste de clore cette histoire, ma toute première !
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