J’ai mis du temps, si quatre mois peuvent l’être
encore dans la folle cadence que nous font mener nos vies. En tout cas c’est ce
qu’il a fallu à mon cœur pour se mettre au diapason de mon cerveau plus
perspicace, lui.
J’ai bien le souvenir qu’il m’envoyait des signaux alarmants
mais je les ai ignorés poliment, sourde naïve que je suis. Mon optimisme
permanent remettait de la couleur dans mes moments de doute. Mieux, je trouvais
des excuses à mon mal-être.
Je ne portais pas attention au bourdonnement
incessant de mon angoisse latente.
J’enfouissais très loin mes terreurs d’abandon, dans l’espoir qu’elles
se taisent. Mes tendres souvenirs de vie me permettaient de tenir le coup,
posant un voile momentanément apaisant sur mon présent plus sombre. Ce jeu de
cache-cache avec la réalité, cette souplesse à éviter la vérité, grande
acrobate de la vie que je suis, ont sûrement favorisé la tournure des événements qui a précédée ma prise de conscience finale.
Sans trop savoir où
aller, je pose un pied devant l’autre, le nez en l’air, les yeux dans le ciel
bleu. L’air est bon, le chant des oiseaux rythme mes pas joyeux.
D’autres ont
eu, semble-t-il, la même idée que moi.
Nos vestes s’effleurent en nous
croisant, nos bruits de pas se répondent, la rue est à nous.
RépondreSupprimer💜