Portrait chinois

Si j'étais une plante, je serai une fleur de lotus....Me laisser porter par les courants, sans contraintes, faire miroiter les pupilles de mes admirateurs (excuser du peu !), embaumer l'air de mes effluves enchanteresses, colorer les ondes verdoyantes, solliciter la curiosité...

Si j'étais une couleur, je serai la couleur "feu", une gamme chromatique entre le rouge et le jaune flamboyant, qui réchauffe le cœur des démunis et dégèle celui des plus insensibles...

Si j'étais un objet, je serai LE LIVRE, celui qui chavirera les lecteurs dans la dimension du rêve et du "tout est possible!". Je graverai leur mémoire à jamais. J'impulserai en eux une force capable de leur donner l'énergie de réaliser leurs rêves les plus enfouis. Je les guiderai sur les chemins parfois sombres de leurs vies en allumant leur petite lumière intérieure. Je serai de taille pratique, solide et d'allure discrète, passe-partout. 

Si j'étais un oiseau, je serai le colibri. Je me régalerai de nectars diverses. Malgré ma petitesse, je développerai une énergie sans limite pour survivre et prouverai que j'ai ma place dans l'écosystème. Je serai la reine de la pollinisation. Je laisserai aux mâles le souci de l'apparence et me contenterai d'un plumage terne sans contraste. Je resterai un mystère pour l'espèce humaine.

Si j'étais une mélodie, je serai celle qui ferait tomber toutes tensions, toutes amertumes, toutes colères. Je serai l'hymne à la paix, à l'amour, à l'émerveillement. Je serai dans votre tête dès le réveil et ne vous quitterai qu'à la certitude d'un esprit apaisé.

Si j'étais une destination, je serai la campagne, n'importe laquelle. Un lieu exsangue de bruits mécaniques, mais vibrant de chants d'oiseaux, du souffle du vent, des âmes immortelles et des voix des passants qui s'interpellent amicalement.

Si j'étais un métier, je serai une main tendue, une partageuse d'expériences, une organisatrice de rencontres, une formatrice de la vie, une oreille qui écoute, une conteuse d'histoires.

Si j'étais une chanson, je serai le titre "J'attends" de Ben Mazué. 

« Alors j’attends que la vie passe, que le temps fasse son effet.

J’ai peur quand j’y pense, d’oublier qui j’étais 

mais j’attends que mon espoir qu’il se décide.

Maintenant, à prendre les choses en main.

J’attends de moi que je m’évanouisse devant ce qui m’attend pour demain.

On retiendra de notre ambition qu’elle était digne avec un soupçon d’utopie.

On retiendra de notre passion qu’elle était fine,

pas du genre de celles qui détruisent.

J’aimerai tant que ça marche,

que je m’habituerai à remettre mon titre en jeu.

J’aimerai tant que ça marche

que je recommencerai s’il fallait.

Même si je pense qu’on peut faire encore mieux.

Alors j’attends que la vie passe

Que le temps fasse son effet.

J’ai peur quand j’y pense de m’éroder, de m’user.

J’attends de mon espoir qu’il se décide,

Maintenant, à prendre les choses en main… »

Si j'étais un mot, je serai le verbe "s'accomplir". Rien n'est plus difficile pour moi à ce jour que de me laisser cette opportunité. La peur, le doute me figent avec une force, qui moi-même me sidère. Je me bats avec mes moyens, j'essaie de pousser des portes mais certains jours sont plus difficiles que d'autres. J'ai réalisé cette année que la vie pouvait s'arrêter du jour au lendemain. Alors je ne vais pas m'arrêter en si bon chemin. Je vais l'accomplir cette vie avec tout ce que cela s'implique : des changements, des virages, des obstacles, des chutes. Mes rêves ne sont pas loin....ils sont là, je les sens, je les perçois, ils me chatouillent le nez....