23 novembre 2018, l’astre de la
nuit est plein. Astrologues et voyants se démènent depuis des semaines pour
étudier les influences de ce phénomène. Quelle conjoncture ? Quelle
incidence sur nos vies ? A quoi chaque signe zodiacal doit-il s’attendre ?
Quelle attitude à adopter ?
Sur une route de campagne, la lune
blanche fait scintiller les flaques d’eau formée par les ornières. Un léger
vent frais se fraye un chemin à travers les branchages nus. Des oiseaux
nocturnes osent à peine trahir le silence de cette nuit très claire, préférant rester figés et muets, en attendant qu’un plus courageux décide de le briser. La
lune majestueuse enveloppe d'un voile lumineux le paysage paisible et endormi avec délicatesse et bienveillance. C'est un timide recouvrement, même
si son éblouissement ne demande qu’à se propager. Quelques créatures en quête
de proies essayent tant bien que mal de trouver pitance malgré l’impossibilité
d’être invisible tant la scène est éclairée ! S’en est presque
désopilant, l’astre figeant pour un temps les activités pourtant grouillantes
d’une vie forestière ! Même la chouette hulotte est toute retournée,
confondant la nuit au jour et la trouvant, par conséquent, bien longue cette
journée !
Alors que la Lune est à son
intensité extrême, la Terre et ses habitants sont tous, malgré eux, très animés. Une certaine
agitation qui fait naître chez certains une nouvelle nature, une
toute autre nature...
Astrid vient de terminer son
service. Elle quitte la Maternité où elle travaille et regagne sa voiture d’un
pas vif, en s’étonnant de l’intensité de la luminosité malgré l’heure tardive.
Elle lève les yeux au ciel et aperçoit l’Astre majestueux éblouissant. Elle lui
sourit pour la remercier. Le vieux dicton annonçant de nombreux accouchements
les soirs de pleine lune ne s’étant pas avéré cette nuit. Ce fût plutôt calme,
au contraire. Installée au volant, elle se fait la réflexion qu’elle pourrait presque
rouler sans phare tant la nuit est semblable au jour. Errant dans ses pensées,
elle s’engage sur le chemin du retour. Elle n’allume pas la radio, préférant
laisser à cette lumière exceptionnelle un silence solennel. La
départementale qui la ramène chez elle traverse une forêt fournie. En entrant dans cette densité boisée, Astrid ressent une étrange impression,
comme une variation anormale de l’énergie ambiante. Elle se dit qu’une fois
sortie de là, elle retrouvera les plaines plus rassurantes avoisinant son
village. Juste une seconde après cette pensée furtive, une forme apparaît sur
le bord de la route et la traverse. Astrid freine brusquement de peur de la
percuter. Son auto figée, elle entend son cœur battre la chamade. Elle inspire
profondément, coupe le moteur puis sort pour inspecter la route. Elle n’a pas
vraiment peur. Elle sait que les forêts sont habitées d’animaux et d’esprits de
toutes sortes comme aimait lui raconter sa grand-mère et les contes celtiques
qu’elle dévorait avidement il y a quelques années. Les fées, les druides et
autres créatures peuplant les sous-bois de Brocéliande ont su lui faire aimer
le monde secret de la forêt. Elle écoute attentivement, à la recherche d’un
bruit insolite. Elle n’entend que le souffle de la bise légère qui fait danser
sur la route les ombres des branchages éclairés par ses phares et la
lumière lunaire. Tout semble paisible. Son regard est alors attiré par le
cercle lumineux de la lune, pile dans l’axe de son chemin. Alors qu’elle est subjuguée par
sa lueur, elle ne peut résister à un certain envoûtement qui s’opère sur son
esprit. Une forme de quiétude s’immisce peu à peu en elle. Sa fatigue se
dissout, les tensions disparaissent avec les désagréments de la journée. Un à
un, ses muscles se relâchent, son corps se libère. Seuls son regard et son
esprit sont en action. Elle ne pense pas à sa journée, ni à la raison pour laquelle elle est au beau milieu de la
route en pleine forêt. Non, elle pense étrangement à sa grand-mère Lucette.
Elle voit son sourire, son regard rieur, elle entend sa gouaille, elle sent son
parfum, la douceur de sa main dans ses cheveux. Pourtant vingt ans déjà qu’elle
est partie emportée par la maladie, et elle la sent, pourtant, si proche d’elle,
là, à cet instant. Un sourire se dessine sur ses lèvres. Une envie de lui
parler, de lui raconter ce qui s’est passé depuis toutes ces années la démange.
Un bavardage silencieux s’engage alors où elle n'omet pas de lui dire
combien elle lui manque. Le regard toujours fixé sur la Lune, elle déverse des myriades
de mots à son attention quand soudain elle est interrompu par une voix claire
et douce :
« Demain, montre ton sein, à la lumière ils verront. »
Le vol d’un oiseau de nuit passe
au-dessus de sa tête et fait sursauter Astrid. Perturbée parce qu’elle vient
de vivre, elle a l’étrange impression d’avoir rêvé éveillée. Elle reprend peu à
peu ses esprits, donne un dernier coup d’œil à l’astre lunaire, puis remonte en
voiture pour reprendre sa route. Une fois arrivée chez elle, une lourde fatigue
la dirige tout droit vers son lit. Elle pense tout juste à mettre son réveil.
14h00. Le chant des oiseaux qui fait office d’alarme sort Astrid d’un profond sommeil. Elle émerge
difficilement d’une torpeur identique à celle que l’on peut avoir lorsqu’on
prend des somnifères. Quand elle parvient enfin à garder les yeux ouverts, les
mots qu’elle a entendus la nuit dernière lui reviennent à l’esprit. Elle revoit
aussi le visage de sa grand-mère, une image si réelle qui l’aide soudain à
faire le lien : les raisons du décès de son aïeule.
Astrid prend alors toute la
valeur de ce message. Sous la douche, elle se palpe, cherchant une grosseur,
une boule mais en vain. Tout en finissant de se préparer, elle se dit qu’elle n’a
rien à perdre à demander à un médecin de son hôpital un petit service. Elle
prend son téléphone et réussit après plusieurs appels à décrocher un
rendez-vous. A peine le temps de pourvoir aux tâches du quotidien en essayant
de ne pas laisser son mental la tyranniser, il est déjà l’heure de s’y rendre.
Elle reprend donc le chemin inverse de la veille, en ne pouvant pas s’empêcher
de penser à l’enchaînement des événements. Est-ce la fatigue qui l'a fait délirer ? Etait-ce une illusion ? Est – elle en train de sombrer ?
Le doute tente de la dissuader de continuer mais une intime conviction l’aide à résister à toute reddition. Alors elle ne répond pas aux questions de ses
collègues bien trop curieux. Elle les ignore en faisant mine de ne pas entendre.
Elle n’a pas vraiment envie de leur avouer l’incompréhensible : "Ma
grand-mère qui est morte il y a vingt ans d'un cancer du sein m'a conseillé de consulter hier soir alors qu’elle avait pris la place de la Lune en plein ciel !"
A la lecture de la mammographie,
le radiologue invitera Astrid à passer une échographie qui confirmera le diagnostic :
tumeur maligne au sein gauche.
Message des astrologues pour la
pleine Lune du 23 novembre 2018 :
De grands changements vont se produire dans vos vies.
Soyez forts et patients. Après une période plus ou moins difficile, l’issue sera heureuse.
De grands changements vont se produire dans vos vies.
Soyez forts et patients. Après une période plus ou moins difficile, l’issue sera heureuse.
Voilà, je trouve enfin le temps de venir voir et lire ton blog... Cette nouvelle est très jolie, j'aime le thème, j'aime l'idée, j'aime qu'elle nous rappelle d'écouter toutes les intuitions et tous les messages qui se présentent ���� un grand merci à toi !!
RépondreSupprimerOui la nature m'inspire beaucoup ! Et je suis sensible aux signes qu'elle peut m'envoyer ! Ravie que cela te parle aussi!
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