C'est fini !





Ce matin, je me suis levée triste. 
Nous sommes samedi, le début d'un week-end prometteur et pourtant j'ai le moral en berne. Je sens comme le manque de quelque chose à ma routine, comme un vide anormal et de ce fait dérangeant. Je cherche sans vraiment trouver ce qui me vaut mon humeur chagrine. Il fait beau, mon amoureux est déjà en activité dans le jardin, l'air est doux et invite à prendre l'air. Pourtant, je suis attirée par mon ordinateur. Machinalement, je l'allume, je tape le code pour le déverrouiller, j'attends la connexion internet, tout ceci machinalement, sans vraiment réaliser ce que je fais. Et pour cause, je n'ai rien à y faire. Pas de travail en cours, pas de messages à lire, rien de bien intéressant à rester là. 
En réalité, je rôde sur le net, comme un ancien alcoolique qui rôde autour de l'épicerie où, il y a peu, il achetait ses bouteilles. 
Mon addiction à moi est tout autre. Elle a démarré il y a dix semaines de cela, début janvier. 

 Une envie de progresser en écriture, le besoin d'un regard aiguisé sur mon travail, m'a poussée à m'inscrire à un stage d'écriture à distance. Une école d'écriture parisienne propose ce système pour les écrivains en herbe qui ne vivent pas dans la capitale. Les auteurs apportant leur aide ont tous une carrière solide et enviable. Dès le départ, mon choix se tourne vers Martin Winckler que je connais pour avoir lu "Chœur de femmes". Malheureusement, quelques jours de doute et plus aucune place n'est disponible au moment où je suis enfin décidée. 
Pour me consoler, je me dis que le destin en a voulu autrement (oui c'est la seconde fois que ce stage est complet avant que j'ai le temps de m'y inscrire!). Je peux encore choisir un autre atelier, la liste est brève, seulement deux ont des places vacantes. 
Je ne connais aucun des deux auteurs restant. Comment choisir alors? L'un propose de "s'écrire", l'autre d'"écrire une nouvelle". Dilemme. Les deux sujets m'intéressent. Je vais alors suivre mon intuition. A chaque fois que je m'invective - Dépêche-toi, tu finiras par ne plus avoir de choix du tout!- , je pense à Philippe Vilain. Pourquoi? Aucune idée, je n'ai rien lu de lui, je ne connais pas son style d'écriture, ni sa renommée. Ce ne peut être que ma petite voix intérieure qui sait que c'est le bon choix. Je finis par opter pour lui, un lundi matin, après une nuit agitée en me disant qu'il était temps de me faire un peu plus confiance et qu'au pire je n'avais rien à perdre à essayer. L'inscription faite, j'ai ressenti une forme de soulagement, comme si j'avais pris la bonne décision. Nous sommes en octobre, le stage débutant début en janvier, j'ai le temps de l'oublier. Je ne chercherai même pas à lire les œuvres de cet auteur. 
Les deux mois passeront sans une véritable attente. De temps en temps, une pensée du genre-"Tiens dans 1 mois le stage commence"-mais sans plus. 
Puis arrive le lundi 7 janvier. De retour de mon travail vers 17 h, je fonce sur mon ordinateur ouvrir ma boite mail. Le premier exercice du stage s'y trouve avec un mot de Philippe Vilain dans lequel il explique le contenu des exercices et ses attentes.
Je passe, en quelques heures, d'une immense excitation à une peur démesurée: Vais-je être à la hauteur? Ai-je bien compris ce qui est demandé? Ai-je bien fait de choisir d'écrire sur moi?
Je me réveillerai même la nuit après avoir rédigé mon premier texte, pour me dire "J'ai fait un hors sujet!"
Voyant ma panique amplifier, commençant à douter de chaque mot, de chaque phrase écrite, je me suis donnée rendez-vous dans la salle de bain, face au miroir et je me suis dis : "Ça suffit Valérie! Tu vas faire de ton mieux. Tu n'as rien à perdre- à part l'argent que ça t'a coûté. Fais-toi confiance c'est le moment! "
La bienveillance et la justesse des avis de Philippe Vilain ont fait le reste. Complètement
rassurée au bout du troisième exercice, je vais me lancer à corps perdu dans l'écriture, je vais lâcher-prise.
L'organisation est la suivante: les samedis matins, réception de l'exercice de la semaine, 5 jours pour rédiger le texte, les mercredis, réception de l'avis de Philippe Vilain. Une routine que j'ai tenue avec sérieux et envie de bien faire, avec l'idée aussi d'en sortir un roman autobiographique, encouragée par Mr Vilain lui-même. Une assuétude qui a rythmé mon quotidien, qui lui a donné du relief, du piquant, qui m'a obligée à ne pas paresser. 
Puis arrive le dernier exercice, faisant pointer l'issue finale de ce stage. Une certaine mélancolie s'installe en moi, je sais déjà que la fin de cette pratique ne me laissera pas insensible.
Le stage est terminé depuis une semaine. Fini les exercices, terminé les avis. Tout cela me manque. Et pour cause, j'ai fini par en être addicte, et qui dit addiction dit sevrage difficile. Pourtant, le point positif de cette expérience est que mon roman avance bien, qu'il prend forme. La confiance est là, plus assise, grâce aux clés qu'il a su me donner. Toutefois, il me manque le petit plus, l’œil averti de mon guide, ses conseils, ses encouragements et les compliments qui vont avec. 
Je sais que le temps fera son affaire, d'autres projets viendront frapper à ma porte, d'autres défis tout aussi excitants. En attendant, je vis ce manque pleinement, peut-être pour ne pas oublier que je viens d'accomplir un grand pas dans ma vie d'écrivaine en germination, ou encore pour ne pas voir ce petit succès tomber dans l'oubli tout de suite. 

:-))))))💪🙏





Commentaires

  1. pleins de choses se mettront sur ton chemin et t'apporteront autant de chose que ce stage là...c'est sûr et certain. fais toi confiance!!❤ Célia

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