24/03/2020
J'ai toujours le sentiment que le temps défile entre mes doigts irrémédiablement. Mais en ces jours de confinement, j'ai l'étrange sensation qu'il s'est figé et que, sans cesse, je revis, dès le lever du soleil, la même journée.....
Pendant ce temps-là, la nature se réveille. Cerisiers en fleurs, narcisses et jonquilles épanouies, abeilles, mouches et coccinelles à l'ouvrage, piaillements et caquètements au loin....La vie terrestre suit son cours, hormis la notre, tristes humains, exclus de ces réjouissances...
25/03/2020
Le 25 mars 1967, à 3 h 50 du matin, j'entrai dans ce monde. Je débarquai aussi dans la vie d'un jeune couple, de 22 ans à peine, adultes encore assoiffés d'allégresse et de rêves improbables. Leur regard sur moi me remplissait d'une joie parfois mêlée d'inquiétude. Allaient-ils être à la hauteur de mes désirs, de mes aspirations, de mes besoins ?
Le temps a répondu à mes craintes. Oui, ils ont été des parents formidables. De multiples fois. Ils m'ont fait découvrir plus que je n'espérais, ils m'ont donné plus que je ne souhaitais. Chaque parcelle de mon cœur transpire d'amour pour eux, de respect aussi. Ils ont fait de moi une femme que j'aime énormément aujourd'hui. Ils ont été mes tremplins, mes modèles, le motif de mon épanouissement.
Aujourd'hui, le 25 mars 2020, j'aime à croire que les mêmes petites graines ont poussé chez mes propres enfants, celles que je sème pour eux avec amour depuis leur naissance....
28/03/2020
Retour à la source
Je suis à l'aube de réussir mon pari, changer de métier. Je n'en suis qu'aux prémices, mais si je tiens solidement la barre, surtout pendant les moments de paniques et de tempêtes, je devrais pouvoir réussir mon challenge dans le courant de l'année prochaine.
Je suis très heureuse et reconnaissante de cette chance qui m'est donnée. Lors d'une discussion avec une de mes sœurs, je remontais le fil des circonstances qui m'a permis d'emprunter ce nouveau chemin.
Mais pour vous, je vais revenir à l'origine.
Année 2016. En rangeant des vieux papiers, je tombe sur mon journal intime. Outre mes humeurs du moment, j'avais l'habitude d'y insérer les passages de mes rédactions qui avaient reçu les compliments de mes professeurs. Je me suis alors remémoré ces moments d'écriture, le soir, dans ma chambre d'adolescente, assise à mon bureau. J'adorais ça. Mon imaginaire foisonnait et je tentais de retranscrire mes idées de la meilleure façon qu'il soit.
Je me suis demandé alors pourquoi avoir arrêter ? J'avais certes écrit un roman l'année de ma séparation, une bonne façon de tourner la page et de rendre la réalité moins triste. D'autres textes étaient nés par la suite, mais le manque d'idées, d'inspiration vinrent peu à peu assécher ma plume.
Pour me remettre à l'étrier, il me fallait un cadre. J'ai donc cherché un atelier d'écriture qui corresponde à ma ligne d'écriture. Chose faite, je propose ma candidature en envoyant une petite nouvelle que j'avais écrite des années auparavant. Pour vous dire mon manque de confiance, j'ai été très surprise lorsque la créatrice de l'atelier accepta mon entrée dans son groupe d'écriture ! Je m’attelle donc, pendant une bonne année, à écrire un texte, parfois deux, tous les mois sur un sujet imposé. Je vais écrire sans relâche, avec un plaisir sans nom.
Malheureusement, fin 2017, l'atelier d'écriture est en berne, sa créatrice ayant souhaité faire une pause qui fût, quelques mois plus tard, définitive. Mais rien de grave pour moi, la machine est en marche, j'écris beaucoup, sur tout, je participe à des concours d'écriture, j'ai même des projets de roman.
Un jour, ma sœur m'envoie un message pour m'informer que l'écrivain Martin Vinckler, l'auteur de Le chœur des femmes organise des stages d'écriture. Ni une ni deux, je fonce sur le site concerné mais il n'y a déjà plus de places. Je décide d'attendre le prochain. Six mois plus tard, même déveine, à croire que les gens se ruent sur leur ordinateur dès la parution des nouvelles dates. Par dépit et un peu de résignation, je décide de choisir un autre auteur qui propose également des stages à distance. Il s'agit de Philippe Vilain. Son thème m'intéresse beaucoup : s'écrire. Le rendez-vous est pris en janvier 2018 pour une cession de 6 semaines de travail.
Et puis c'est le coup de grâce. Mon père décède subitement début 2018. Je suis foudroyée, choquée, anesthésiée. Le stage commence, est bien sûr, je décide d'écrire sur mon enfance, sur ma relation avec l'être cher que je viens de perdre.
Le stage terminé, Philippe Vilain m'encourage à continuer le travail que j'ai entrepris. J'hésite car remuer les souvenirs est douloureux, mais après quelques semaines d'hésitation, je me lance, cette fois-ci seule, pour accoucher du récit d'une partie de ma vie.
Juin 2019. Un ami dont la voisine est correctrice chez Plon et Michel Lafon me propose de lui parler de mon livre. Je n'y vois pas d'objection. Au contraire, un regard extérieur me sera utile. Je lui confie donc mon bébé et attendrais septembre pour recevoir mon roman corrigé gracieusement. Je n'ai pas seulement bénéficié de son talent de correctrice mais également de sa gentillesse et de son humour décapant.Une belle amitié est née.
Octobre 2019. Je décide de m'auto-éditer sur une plateforme numérique. Une dizaine de livres vendus....merci la famille !
Février 2020. Je vais de plus en plus travailler à reculons, non pas à cause de mes élèves, ou de mes collègues. Non. J'ai juste perdu la foi, la niaque. Envolée mon énergie, lassée des sempiternelles réformes, usée par le manque de reconnaissance.
Alors, au cours d'une discussion sur son métier de correctrice, j'ose demander à Chantal si elle me pense capable de pratiquer cette activité, voire d'en faire mon nouveau métier.
Elle m'a dit "chiche !"
C'est ainsi qu'elle m'a mise le pied à l'étrier et que depuis, je retrouve le sourire, une raison de me lever le matin, de travailler, de pratiquer l'activité que j'aime le plus au monde : lire, avec l'étrange sensation que je suis enfin à ma place.
Voilà, tout ceci est parti d'un rangement de placard....
Commentaires
Enregistrer un commentaire