De l'indulgence en pagaille...


J'ai eu de l'indulgence pour ce directeur d'hôtel dépassé par les événements parce qu'obligé de se séparer de certains de ses salariés pour des raisons financières au détriment, selon lui, du temps passé à jouer son rôle d'hôte. Il se retrouve maintenant  à faire leur travail.
"Vous comprenez, moi mon plaisir c'est d'accueillir les clients, d'avoir le temps d'échanger avec eux, c'est important l'échange, pour l'image de mon établissement et pour le retour positif qui en découle. Là, je n'ai pas le temps, j'ai le nez dans l'ordinateur et je cours partout."

J'ai eu de l'indulgence pour ce restaurateur qui m'explique qu'à cause du trop grand nombre de touristes venus déguster une crêpe aujourd'hui dans son établissement, il ne servira plus pendant une heure, pas même celle que je rêve de manger depuis vingt minutes, le temps que son cuisinier fasse une pause et prépare la pâte pour le service du soir.

J'ai de l'indulgence pour tous ces gens qui ne mettent pas de masques dans les endroits clos, leur cherchant des excuses que je peux comprendre - difficultés à respirer, buée sur les lunettes, asphyxie, maux de tête, un oubli ou alors la conviction extrême que le port du masque ne sert à rien. Pas de regard accusateur de ma part, pas de reproches, je passe mon chemin en ravalant ma salive. 

Tout ne passe pas par ce filtre qui est en moi depuis toujours. Il y a des choses que je n'accepte pas, comme tout le monde. La violence, l'injustice, le mépris, la démesure. Mais je crois pouvoir dire que 85% de mon temps, je suis une personne indulgente envers les autres.

Cette prise de conscience est le résultat d'une lecture. Dans un article très intéressant, l'auteur nous invite à citer trois qualités que nous pensons posséder. Pour ma part, j'ai énuméré l'écoute, la bienveillance et l'indulgence.
Puis, il pose la question suivante : "Vous appliquez-vous ces trois qualités?"
La réponse est rapide : pour ce qui est de l'écoute et de la bienveillance, c'est de plus en plus OUI grâce à la méditation et au yoga, à mon ouverture vers d'autres pratiques, mais pour l'indulgence c'est NON. C'est intimement lié à mon désir de perfection qui, malgré un gros travail de lâcher-prise, refait surface souvent dans ma vie. Si je rate, si je n'ai pas ce que j'attends, je m'en veux, je me flagelle, je me déteste. Aucune indulgence envers moi, je suis mon propre ennemi. 

Dans cette période où tout est fragile, inconstant, où j'entreprends un changement de cap, je dois agir autrement envers moi. Je commence à me réconcilier avec mon enveloppe charnelle, à m'envoyer de l'amour le plus souvent possible, mais mes vieux démons resurgissent trop souvent encore pour m'égratigner. Le quatrième accord toltèque (cf. Don Miguel Ruiz) sera donc mon arme. Chaque fois que je ne serai pas satisfaite de moi, je répéterai cette phrase:"J'ai fait de mon mieux!"
Je peux encore apprendre et chercher ce qui est meilleur pour moi, mais sans chercher à être parfaite.

La voilà la clé! Comprendre que ce que l'on donne aux autres a infiniment plus de portée lorsqu'on se l'est d'abord donné à soi. Montrer l'exemple aussi à mon entourage pour que ce principe de base se propage... L'amour des autres est la réponse à l'amour de soi.

Valérie 
20/07/2020

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